Episode 6 : Anaïs Henneuse : une passionnée qui aide les jeunes filles

Les jeunes filles, ces invisibles des banlieues. En partant de ce constat, Anaïs Henneuse a décidé de les aider à trouver leur place dans la société et à surmonter les blocages qu’elles peuvent rencontrer dans leur parcours personnel et scolaire. Voilà pourquoi cette habitante de Lille passionnée par la culture a lancé un média citoyen et un projet à destination des adolescentes des quartiers.

D’un hobby à une véritable vocation

Depuis ses onze ans, Anaïs Henneuse a une passion : la danse. Et plus particulièrement la danse hip-hop. Mais, dans sa famille, on considère qu’il faut obligatoirement faire de grandes études pour s’en sortir. Et surtout que la danse est un loisir, pas un métier.

Ainsi, cette jeune femme originaire du Nord s’est inscrite en médecine à Lille après avoir passé son bac. Dans son imaginaire, être médecin était forcément synonyme de réussite. Pourtant, c’est rapidement la douche froide. Ses études ne lui plaisent pas du tout.

Après une période de remise en question, Anaïs Henneuse se décide : elle veut travailler dans le milieu de la culture. Désormais en Licence Culture et Médias, tout semble soudain plus fluide, et elle obtient son diplôme avec brio. À la suite de cela, elle passe un Master en Ingénierie culturelle, qui forme aux métiers de la culture. Progressivement, son projet professionnel prend forme.

Sa passion pour le hip-hop intrigue. Dans sa fac, les professeurs sont curieux d’un monde qu’ils connaissent moins. Néanmoins, grâce à ses notes excellentes, Anaïs Henneuse parvient à leur faire porter un nouveau regard sur la culture urbaine.

C’est dans cette veine qu’en 2013, elle a lancé son propre média : Where we come from, surnommé WWCF.

WWCF : un média sur la culture urbaine

Au départ, WWCF est un média en ligne concentré sur la danse hip-hop. Grâce à lui, Anaïs Henneuse peut partager sa passion. Elle va voir des spectacles, se rend à des festivals et écrit sur le sujet.

Mais, entre ce projet et son travail dans la culture, elle commence à être un peu dépassée. Elle aime toujours autant le hip-hop, mais sa passion est désormais devenue son métier, il est donc difficile de trouver la limite entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle.

Quand, en 2018, Anaïs Henneuse tombe enceinte, elle décide de tout mettre sur pause. C’est à ce moment-là qu’elle réfléchit : quel monde veut-elle offrir à ses enfants ? Comment peut-elle se rendre réellement utile ? En parallèle, WWCF continue de vivre, les anciens articles qu’elle a publiés sont encore consultés, on lui réclame souvent de reprendre le projet.

Son mari Lemzo, notamment, insiste pour qu’elle s’y remette. Mais Anaïs Henneuse n’a plus envie de parler de hip-hop. À force de discussion et de réflexion, un nouveau projet naît. À ce moment-là, le couple donnait des cours de danse à Roubaix, et il était fréquent que de passionnants débats aient lieu à la fin de la classe avec les élèves sur des sujets de société, comme les études, ou bien la précarité dans les banlieues. Un constat en est ressorti : Il y avait une véritable fracture entre les jeunes et la société. Des vraies questions identitaires et un véritable mal-être.

Finalement, pourquoi ne pas amener ces échanges dans le média ? C’est ainsi qu’en 2020, WWCF revient sur le devant de la scène avec une nouvelle ligne édito et de nouveaux contenus. Désormais, le média donne la parole aux gens des quartiers pour inspirer les jeunes et mettre en lumière des initiatives positives dans les banlieues.

Go On Girls : mettre les filles en lumière

Mais les projets d’Anaïs Henneuse ne s’arrêtent pas à la culture et à WWCF. Elle voulait faire plus pour aider son prochain, et en l’occurrence, les jeunes filles.

En 2018 elle a commencé à coacher de futures entrepreneuses qui avaient une idée de projet, mais qui avaient peu confiance en elles et en leurs capacités, et des freins pour  atteindre leurs objectifs. À force de les fréquenter, Anaïs Henneuse a réalisé que ces femmes avaient toutes des blocages qui leur venaient de l’enfance ou de l’adolescence.

Une idée a alors germé dans sa tête : et si elle accompagnait des jeunes filles pour leur éviter d’avoir ces mêmes freins ? C’est ainsi que le projet Go On Girls est né.

Comme Anaïs Henneuse a grandi en banlieue, elle sait que les adolescentes y sont invisibles. Elles n’ont pas de modèles à qui se raccrocher et sont vite perdues quant à leur avenir.

Dans le cadre de son projet, Anaïs Henneuse accueille donc les jeunes filles de 13 à 18 ans

pour les suivre tout au long de leur parcours scolaire. Sur la base du volontariat, les adolescentes viennent et sont amenées à se dépasser physiquement, avec des ateliers sportifs par exemple. Mais elles le sont aussi mentalement, avec des cours d’éloquence et de prise de parole, ou de nombreux débats sur divers sujets.

L’objectif d’Anaïs Henneuse est de leur donner les clés pour trouver leur voie et leur place en tant que femmes dans les quartiers et dans la société. Mais attention, pas question de faire le travail pour elles, il s’agit d’un encadrement, d’une main tendue.

Les résultats ? Certaines filles de la première promotion ont décroché avec le brevet avec mention des progrès dans les relations parents-enfants, profs – enfants , dans les notes, les comportements, la prise de parole en classe ! Et bien d’autres viendront par la suite, Anaïs Henneuse les attend de pied ferme.

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