Episode 26 : « Un psy dans la cité », un projet pour la jeunesse

« Les psys, cest pour les fous ! » Cette idée reçue a la vie dure en France, et particulièrement dans les banlieues. Pourtant, la santé psychique na jamais été aussi fragilisée quen ces temps de confinement. Déterminée à faire bouger les choses, Mama Sy, originaire du 91, a décidé de mettre en place un projet associatif à destination des jeunes : « Un psy dans la cité ».

Un parcours entre politique et associatif

Originaire d’Étampes, Mama Sy se définit elle-même comme une touche-à-tout. Après un bac en secrétariat, cette jeune femme au caractère bien trempé se dirige vers un parcours d’éducatrice spécialisée. Sa carrière commence en Seine-Saint-Denis, où elle travaille dans l’insertion sociale et professionnelle. Elle est ainsi amenée à fréquenter des jeunes, des sortants de prison, des femmes victimes de violences conjugales…

Après avoir été chef de service jeunesse et sport, sa vie professionnelle prend un tournant en 2014 : elle s’engage en politique. Adjointe au maire en charge de la jeunesse et de l’apprentissage, elle gère une commune de 26 000 habitants.

Ce revirement peut sembler curieux, car Mama Sy n’a aucune formation politique préalable. Mais son expérience associative couplée à sa grande connaissance du terrain et, surtout, à son envie de faire bouger les choses dans les quartiers l’ont guidée vers cette voie où elle s’est fait une place. C’est ainsi qu’en 2018, elle est nommée vice-présidente d’agglomération. Cette fois, son champ d’action s’étend sur les 37 communes du sud Essonne.

Néanmoins, en 2020, Mama Sy décide de revenir à ses premières amours : l’associatif et le terrain. Désormais véritable coordinatrice entre les associations qui souhaitent monter leurs projets et les institutions, elle a pour objectif d’aider l’ensemble des jeunes pour leur insertion professionnelle. Et pour ça, elle ne manque pas de créativité.

Aider les jeunes à s’ouvrir à d’autres perspectives

S’il est un sujet passé sous silence aujourd’hui, c’est bien la santé mentale des jeunes dans les cités. Et pourtant, cette problématique est essentielle, encore plus en ces temps de coronavirus. Entre la précarité, la drogue, la prostitution, l’alcool et la violence, de nombreux adolescents des QPV sont en grande souffrance et ont besoin d’aide.

Mais les psychologues ont mauvaise presse auprès de la jeunesse. On pense que c’est pour les fous, et lorsqu’un jeune prend malgré tout la décision d’appeler un CMP, il est confronté à des délais de six mois ou des séances à plus de 50 euros. De quoi en dissuader plus d’un…

C’est en partant de ce constat que Mama Sy a créé, début 2021, « Un psy dans la cité ». Ce projet en partenariat avec deux associations de la région parisienne, Audéo et AMSK, composées de psychologues et d’ethnopsychologues. L’objectif est de proposer un accompagnement gratuit pour les jeunes des cités tout en s’adaptant à leurs exigences.

Mama Sy s’en doute, les jeunes ne se déplaceront pas jusqu’aux cabinets. Son projet ne peut fonctionner que s’ils adhèrent, et pour cela, il faut aller dans leur sens. « Un psy dans la cité » amène donc les psychologues à eux, au cœur des cités. Les consultations peuvent avoir lieu dans un café, à domicile, au téléphone, par visio…

Aujourd’hui, une vingtaine de jeunes sont suivis par des spécialistes, ce qui rend Mama Sy très fière. Son action s’étend actuellement sur 37 communes du sud Essonne, et deux nouvelles antennes viennent d’ouvrir près d’Étampes. Très sollicitée par d’autres départements, Mama Sy choisit toutefois de prendre son temps pour ne pas mélanger vitesse et précipitation et faire des promesses aux jeunes qu’elle ne pourra pas tenir.

Aider la jeunesse à sortir des cases

Quand on demande à Mama Sy si elle a des enfants, elle répond qu’elle en a 900. Pour elle, tous les jeunes qu’elle accompagne sont comme ses fils et ses filles, et c’est pourquoi elle s’investit autant pour les aider à avancer dans la vie. Car, pour elle l’éducation c’est rappeler à notre jeunesse ses droits mais également ses devoirs.

Aujourd’hui, on culpabilise beaucoup les parents des jeunes de banlieue d’avoir mal élevé leurs enfants. Mais Mama Sy considère que l’on a tous un rôle à jouer dans l’éducation des enfants de la république. C’est à nous tous, adultes, de leur expliquer leurs droits et leurs devoirs. De les éduquer, tout simplement. Cela se fait par la parole, mais également par l’accompagnement.

Pourtant, les jeunes ont eux aussi leur part de responsabilité. Ils ne pourront réussir qu’à condition de le vouloir. Souvent, on oppose à Mama Sy qu’elle est une exception et qu’elle a eu de la chance dans son parcours. Elle rappelle alors qu’on ne lui a rien offert sur un plateau, et si elle est là où elle est à présent, c’est uniquement car elle l’a voulu et a travaillé pour. Elle ne s’est pas laissé enfermer dans des cases, et elle espère que d’autres jeunes feront de même.

Son conseil pour y parvenir ? Rêver et faire ce que l’on a envie de faire. Et si l’on se heurte à une porte fermée, il sera toujours possible de passer par la fenêtre…

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