Episode 22 : Nadège Renet-Binkina, de l’ASE à déléguée du préfet

Le destin de Nadège Renet-Binkina était loin d’être tout tracé. Prise en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), elle n’a pourtant jamais rien lâché. Aujourd’hui déléguée de la préfète à l’égalité des chances dans le 92, cette femme de trente-quatre ans offre par son parcours personnel et professionnel une leçon de résillience.

Une voie difficile à trouver

Dès ses douze ans, Nadège Renet-Binkina se retrouve prise en charge par l’ASE, et ce, jusqu’à ses vingt ans. Elle y développe un sens poussé de l’injustice.

De 18 à 20 ans grâce à l’appui de son éducatrice, elle va bénéficier d’un contrat jeune majeur, mais  le contrat stipulant d’acquérir une autonomie financière, il lui est difficile  de poursuivre des études longues comme elle le souhaitait et de subvenir à ses besoins en parallèle.

Comme elle peine à canaliser son comportement rebelle et ne respecte pas les termes du contrat précité, son contrat jeune majeur finit par être rompu. Malgré tout, Nadège Renet-Binkina ne baisse pas les bras. Si, en sortant du bac, sa détermination n’était pas au beau fixe, à l’âge de vingt-deux ans, elle se sent prête à soulever des montagnes. Et c’est ce qu’elle fait.

Grâce à son mari qui l’aide et à une bourse qui lui est accordée, Nadège Renet-Binkina s’inscrit à la Sorbonne en fac d’Histoire. Pendant ses études, elle tombe enceinte et doit mener de front ses différents rôles.  Malgré ce décalage avec ses camarades de classe, elle devient vite le modèle de certains étudiants, qui admirent sa persévérance et son courage.

La clé ? Être bien entouré !

Aujourd’hui, avec un Master 2 de Sciences Po Rennes en poche, Nadège Renet-Binkina reconnaît qu’elle a eu de la chance d’être bien entourée pendant son parcours. Sa reférente  à l’ASE, qui l’a suivie pendant toute sa jeunesse, n’a jamais cessé de croire en elle. Malgré ses comportements rebelles, elle l’a toujours soutenue et défendue autant que possible.

Mais, au-delà de cette belle relation, Nadège Renet-Binkina a su se nourrir des parcours inspirants qui l’entouraient. Elle a pu rencontrer de nombreuses personnes qui, comme elle, venaient de l’ASE et qui s’en étaient sorties dans la vie. Le fait de savoir que c’était possible l’a considérablement motivée et l’a aidée à garder le cap.

Toutefois, l’un de ses pics d’énergie vient probablement de son premier enfant, né pendant sa licence. À ce moment-là, Nadège Renet-Binkina a réalisé qu’elle voulait que sa fille soit fière d’elle, fière de tout ce qu’elle avait accompli. Ce fut son moteur et c’est ce qui l’a guidée vers son métier d’aujourd’hui.

Déléguée du préfet : un vrai travail de médiation

Avec son parcours de vie, Nadège Renet-Binkina souhaitait  au départ se rapprocher de la protection de l’enfance, mais elle ne se sentait pas encore assez mûre . Elle commence donc sa carrière comme  chargée de mission / coordinatrice prévention en collectivité territoriales. Après une expérience de presque trois ans,  on lui propose un poste de responsable d’une équipe de médiation sociale, à Villiers-le-Bel cette fois puis un poste de direction à Plaisir. 

Nadège Renet-Binkina travaille sur le terrain. Avec ses équipes, elle met en place divers projets en partenariat avec les associations et les institutions afin d’accompagner les habitant-e-s. Son travail actuel est dans la continuité de ces missions-là.

Désormais déléguée de la préfète à l’égalité des chances, Nadège Renet-Binkina effectue un véritable travail de médiation. Son rôle est de mettre en lien les différentes institutions pour qu’elles collaborent efficacement. Elle est donc amenée à être au contact de la police municipale, de la prévention spécialisée ou encore de la justice, mais également à se rapprocher des associations ou des populations des quartiers difficiles.

Ces institutions sont toutes très différentes les unes des autres, avec des cultures professionnelles différentes. Son objectif est de promouvoir l’égalité des chances dans les banlieues.

Le parcours de Nadège Renet-Binkina est la preuve que rien n’est figé et que le temps est l’allié d’une bonne insertion professionnelle. Elle a commencé ses études tard, mais ça ne l’a pas freinée, bien au contraire.

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