Episode 21 : Amadou Dabitao, le fondateur de Banlieusard Nouveau

mars 31, 2021

Dans les banlieues, bien souvent, les jeunes n’ont aucun rêve. Pas qu’ils manquent d’imagination, mais à cause du contexte dans lequel ils vivent, ils ne s’autorisent pas à avoir des ambitions. À quoi bon ? Après avoir fait ce constat, Amadou Dabitao a décidé de changer les choses. Pour cela, il a créé un média qui s’adresse à tous : Banlieusard Nouveau.

Amadou Dabitao : un véritable petit geek

Originaire d’un quartier prioritaire de Gennevilliers, Amadou Dabitao a toujours été intéressé par les matières scientifiques, et plus particulièrement l’informatique. Arrivé à l’âge de quatre ans en France, il a eu la chance d’être très bien encadré par sa mère qui voulait qu’il rattrape son retard à l’école.

Grand passionné de jeux vidéo, et surtout de GTA, il jouait non pas pour aller au bout des aventures virtuelles, mais pour trouver les bugs et les limites du jeu. À ce moment-là, une idée a commencé à germer dans son esprit : il avait envie de devenir développeur.

Amadou Dabitao se dirige donc vers un bac STMG avec une option Gestion des systèmes d’information. À cette occasion, il développe un petit site internet, ce qui lui plaît beaucoup. Il enchaîne avec un BTS SIO, cursus qui venait tout juste d’être créé à cette époque. Malgré les difficultés d’apprentissage de nouveaux langages informatiques, il s’accroche et obtient son diplôme.

Malgré tout, Amadou Dabitao sait qu’il a encore beaucoup à apprendre. Il jette alors son dévolu sur une école d’ingénieur. Par malchance, il ne parvient pas à trouver d’alternance comme il le souhaitait. Mais son école voit qu’il est volontaire et décide de l’aider en le dirigeant vers une formation proposée par Pôle Emploi. Amadou Dabitao le reconnaît, sans cette formation, il n’aurait pas appris tout ce qui lui est utile aujourd’hui dans son travail.

Maintenant âgé de 24 ans et jeune papa, il a signé un CDI de développeur web dès la fin de ses études. Un beau parcours qui le remplit de satisfaction. Néanmoins, Amadou Dabitao ne souhaite pas se reposer sur ses lauriers.

Banlieusard Nouveau : « par nous, pour nous »

À la naissance de sa fille, Amadou Dabitao a un déclic. Avant cela, il se sentait encore un peu enfant dans sa tête. Mais dès l’arrivée de son bébé, un changement s’opère : il est responsable, désormais.

Plusieurs interrogations germent alors dans son esprit. A-t-il envie d’être développeur web toute sa vie ? Comment pourrait-il aider les gens des banlieues dont il vient ?

Le monde de l’entrepreneuriat commence à lui faire de l’œil, et Amadou Dabitao se fait la main en vendant des objets connectés en parallèle de son travail. Mais le vrai changement de direction s’opère lors d’une visite dans sa cité d’origine. Il y croise des jeunes avec qui il discute, et il fait le constat qu’aucun d’eux n’a de travail « passion ». Soit ils travaillent par dépit et n’aiment pas ce qu’ils font, soit ils ne travaillent pas du tout. Pire : ils ne rêvent de rien. Ils considèrent qu’à cause de leur origine sociale, on les rejettera systématiquement. Ces jeunes n’ont aucune confiance en leurs capacités.

À la suite de cet échange, Amadou Dabitao décide de faire bouger les choses. C’est ainsi qu’est né Banlieusard Nouveau. Diffusé sur Instagram, ce média propose de redonner des rêves aux gens des banlieues. Il donne la parole à des personnes originaires des quartiers prioritaires qui ont réussi dans la vie.

Par ce message positif, Amadou Dabitao compte prouver aux jeunes des cités que c’est possible, qu’ils peuvent eux aussi réussir. Lui-même a connu ces incertitudes, cette peur d’être rejeté par la société. Il connaît la réalité du terrain, et il est bien décidé à combattre ce blocage qui se trouve uniquement dans la tête des jeunes.

Différents angles d’attaque

Banlieusard Nouveau propose quatre formats différents :

  • Banlieusard Valley, qui s’adresse principalement aux entrepreneurs en présentant des start-ups et entreprises créées par des jeunes de quartiers ;
  • Agora, qui met en avant des initiatives citoyennes mises en place dans les cités ;
  • Millésime, qui fait découvrir le parcours inspirant d’une personne de banlieue pour montrer l’exemple ;
  • Rêve Factory, qui donne la parole à un jeune de quartier afin qu’il parle de son rêve et des moyens qu’il met en œuvre pour le réaliser.

Ce dernier format est particulièrement important, car il prouve aux jeunes qu’il n’y a pas que des « grands » qui concrétisent leurs projets. Les personnes mises en lumière dans les vidéos sont comme eux, à la différence près qu’ils s’autorisent à croire en eux et en leur avenir. On les voit travailler dur pour réaliser leurs rêves et avancer.

Rêve Factory montre qu’ils ont le droit d’avoir des projets et de vouloir s’insérer dans la vie professionnelle, comme tout le monde. Ces vidéos aident donc les jeunes des banlieues à gagner en confiance en eux et, pourquoi, susciteront chez eux des vocations…

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