Tout a commencé par un court-métrage filmé au caméscope. À ce moment-là, Amadou Ba était loin d’imaginer qu’il posait la première pierre d’un édifice qui allait bientôt devenir gigantesque : Booska-P. Qu’est-ce donc ? Ni plus ni moins que le premier média de rap français !

Un grand passionné de cinéma

Amadou Ba, que l’on connaît sous le nom de « Hamad » sur Internet, a depuis très jeune un rêve : celui de devenir réalisateur de films. Grand passionné de cinéma, il est incollable sur le sujet. Originaire d’Évry, il suit un cursus scolaire relativement normal, si ce n’est qu’il n’a pas de très bons résultats. À l’école, ce ne sont pas les cours qui l’intéressent, mais les gens.

À chaque rentrée, il allait à la rencontre de ses camarades et apprenait à les connaître. Né dans une famille nombreuse, il aimait et aime toujours intensément le contact humain, qui est le cœur de son travail aujourd’hui.

Créatif et plein d’imagination, il aurait pu s’inscrire en Bac L, mais Amadou Ba n’était pas certain d’arriver à devenir réalisateur comme il le souhaitait. Il lui fallait un plan B au cas où son projet rate. C’est pourquoi il passe un Bac STT commerce, désormais STMG, qui lui ouvrira plus de portes qu’un diplôme littéraire.

À la suite de quoi il intègre une Licence d’Arts du spectacle et de Cinéma à la Sorbonne. Le cursus ne lui plaît pas tant que ça, il est trop théorique, mais il l’ouvre à de nouvelles rencontres en dehors de sa banlieue. Comme la pratique lui manque, Amadou Ba s’entraîne à filmer avec le caméscope de son père. Il teste des choses, capte ce qui l’entoure.

Un jour, il décide de participer à un concours de court-métrage trouvé dans un magazine. Il le tourne avec ses frères et l’envoie. Il ne gagne pas, mais à ses yeux, il a quand même remporté la victoire : il a réussi à terminer un projet complet. Il comprend qu’il en est capable, ce qui lui sera très important par la suite.

Booska-P : un média culturel pour les jeunes

En 2005, avec deux de ses amis, Amadou Ba a l’idée de lancer un média en ligne. Internet en est à ses débuts auprès du grand public, il y a quelque chose à faire de ce côté-là. C’est ainsi que naît Booska-P, un site internet pour parler de rap, de foot et de cinéma, les passions des trois nouveaux associés. Son nom un peu étrange est en vérité un clin d’œil au film brésilien La Cité de Dieu et à son héros nommé Buscapé.

Au départ, Booska-P n’est qu’une simple association. Mais, en 2008, en voyant le Web et les modèles économiques se transformer, Amadou Ba et ses amis décident de vendre des espaces publicitaires sur leur site. Lentement, mais sûrement, Booska-P a évolué jusqu’à devenir ce qu’il est aujourd’hui : le premier média français centré sur le rap.

Le site a changé depuis sa création et est couplé à une chaîne YouTube qui réunit 1,8 million d’abonnés. On y trouve des interviews, des clips, divers concepts d’émissions… Comme le dit Amadou Ba, le modèle d’Internet est assez libre, contrairement à d’autres médias plus traditionnels. Lui et son équipe peuvent expérimenter plusieurs projets et rectifier selon les retours qu’ils reçoivent.

Désormais, Booska-P est une entreprise de près de vingt salariés, installée dans de vastes locaux à Montrouge. Là-bas, ni piston ni favoritisme : on embauche les gens pour leurs compétences, dans le but de constamment renouveler le média et de le tirer vers le haut.

Aimer ce que l’on fait

Aujourd’hui directeur général de Booska-P, Amadou Ba le dit : il aime profondément ce qu’il fait. Selon lui, c’est en aimant ce que l’on fait que l’on devient bon. D’ailleurs, cette passion se ressent dans l’authenticité que dégage Booska-P, qui fait que le média plaît autant à sa communauté. Amadou Ba n’a pas cherché à être quelqu’un qu’il n’est pas, il est resté lui-même, a fait ce qui lui plaisait, et ça a pris.

Et si Amadou Ba est autant attaché à cette passion et cette authenticité, c’est grâce à son père. Quand il était adolescent, il lui avait trouvé un petit boulot dans le centre commercial où il travaillait. Pendant deux mois, Amadou Ba a dû faire le ménage et décoller les chewing-gums du sol. C’est ainsi qu’il a réalisé ce qu’il ne voulait pas faire de sa vie.

Jusque-là, il ne s’investissait que lorsqu’il en avait envie. Il a compris grâce aux petits jobs qu’il a enchaînés que s’il voulait faire ce qu’il souhaitait, s’il voulait vraiment aimer son travail, il allait devoir se donner à fond, souffrir et se dépasser pour atteindre son objectif. C’est ce qu’il a fait avec Booska-P, Amadou Ba n’a jamais rien lâché et a travaillé avec constance sur son média.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dix-sept ans après, les résultats sont là. Entre les nombreux partenariats, les projets qui voient le jour, l’équipe qui ne cesse de grandir et les vues qui n’en finissent pas de grimper, Booska-P n’a pas volé sa place de premier média français consacré au rap.