Episode 18 : Sophie Miguet, la désacralisation du système scolaire

mars 10, 2021

Le système scolaire, Sophie Miguet connaît bien. Après des années de collège et de lycée très compliquées, cette jeune femme de 28 ans ne s’est pas laissé décourager. Aujourd’hui éducatrice scolaire dans un établissement de banlieue, elle accompagne les jeunes élèves pour favoriser leur ouverture d’esprit, et surtout, pour changer leur vision de l’école.

Quand l’échec scolaire tourne au harcèlement

Originaire d’Aulnay-sous-Bois, Sophie Miguet n’a pas eu une scolarité facile. Très en retard par rapport au programme, elle apprend à lire, écrire et compter en fin de primaire. Ses années collège ne sont pas mieux et elle peine à suivre le rythme. Aujourd’hui, elle comprend que ce problème ne découle pas d’un manque de capacités, mais plutôt du modèle scolaire au sein duquel elle ne trouvait pas sa place.

Malheureusement, Sophie Miguet n’est qu’une élève parmi tous les autres, et les professeurs n’ont pas le temps de se pencher sur son cas. Certains en viennent même à la harceler, de même que quelques-uns de ses camarades.

Malgré ses déboires, elle se dirige vers un parcours sport étude qui l’amène à quitter la région parisienne pendant un temps. Elle se consacre ainsi à l’haltérophilie et revient à Aulnay-sous-Bois pour finir sa scolarité et passer son bac.

Cette fois, son lycée est totalement différent : les professeurs s’investissent beaucoup pour accompagner les élèves, écoutent leurs problèmes et leurs doutes, leur témoignent une grande bienveillance… De nombreuses sorties hors temps scolaire sont organisées et contribuent à « casser » l’image autoritaire du professeur.

À ce moment-là, Sophie Miguet réalise que ce climat de sécurité et de bonté dans lequel baignent les élèves tend à établir autre chose que la simple réussite scolaire : le bien-être à l’école.

Un accès à la culture pour les jeunes

Depuis 2014, Sophie Miguet travaille comme éducatrice scolaire dans un collège privé d’Aubervilliers. Sa mission est d’accompagner les jeunes, et elle prend son rôle très à cœur. Pour l’avoir vécu, elle sait que l’Éducation nationale n’est pas toujours derrière les élèves, et c’est d’autant plus vrai en banlieue, où elle se trouve.

Elle a donc lancé un programme de sorties culturelles pour les classes de troisième. S’ils en ont envie, les élèves peuvent, hors temps scolaire, aller à des sorties organisées dans divers lieux de culture comme des musées. Tout se fait sur la base du volontariat, il n’y a aucune sanction, ni aucune notation à la fin.

Ainsi, la première sortie, en mai 2014, s’est faite au musée Rodin. Comme l’engouement a été au rendez-vous, Sophie Miguet a continué et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Néanmoins, la pandémie et les restrictions gouvernementales l’ont forcée à mettre son projet entre parenthèses.

Mais loin d’abandonner, Sophie Miguet y voit l’occasion de développer l’association qu’elle a créée : 93or.

Éveiller les consciences par le débat

Avec cette association, Sophie Miguet souhaite, en plus de promouvoir la culture, ouvrir les élèves à des débats de société. Tous peuvent subir des discriminations, qu’elles soient raciales, religieuses, sexuelles, ou même simplement parce qu’ils sont un peu trop réservés.

Pour que ces sujets ne soient pas tabous, Sophie Miguet organise, également hors temps scolaire et sur la base du volontariat, des discussions avec des professionnels du milieu. Elle devrait d’ailleurs prochainement recevoir la journaliste Rokhaya Diallo, très engagée contre le racisme et le sexisme.

L’objectif de ces débats est de faire bouger les choses, et il semblerait que ça fonctionne. Par exemple, après un débat sur la précarité menstruelle, des élèves ont installé un distributeur de serviettes hygiéniques gratuites dans le collège.

Sophie Miguet déplore que ces actions ne soient pas généralisées dans toute l’Éducation nationale et que les professeurs n’aient pas de formation adéquate pour gérer les situations de harcèlement et de discrimination. Néanmoins, elle sait que la capacité d’agir se trouve en chaque individu, et elle compte bien œuvrer pour apporter sa contribution au changement des mœurs.

1 comment on “Episode 18 : Sophie Miguet, la désacralisation du système scolaire

  1. Dr Deleilah dit :

    De mon temps, un bon élève était d’abord un élève blanc… Je ne vivais pas en banlieue, je vivais dans une petite ville de province. Nous étions deux familles issues de l’immigration, juste deux, deux de trop. Les enfants scolarisés tous nés en France.
    Maternelle : aucun de nous ne participe au spectacle, les enfants refusent de jouer avec nous, aucune réaction des enseignants… La primaire le racisme les insultes, le collège pareil… Un jour je me bats après quelques jours d’insultes permanentes (dans la cour en classe). Tout le monde entend les insultes… Rien. Un prof intervient pour arrêter la bagarre, la fille pleure ( une t^te de plus que moi, sa copine n’a pas osé me taper). Je me defends explique la situation: le prof ne dit rien à propos des insultes RACISTES, rien. Il dit  » ça suffit, elle a eu sa leçon » Va te calmer en marchant. Le lycée…j’y vais parce que j’insiste beaucoup, heureusement, je suis déléguée, et comme je suis la meilleure élève de l’école, ils me laissent y aller. Pas mon frère, il n’est que 4 eme de sa classe avec 15.5 de moy générale, un super matheux, comme mes autres frères…. Les arabes doivent aller ailleurs le lycéee c’est pas pour eux…. On continue… pas de chambre en cité U, bizarre je suis uen des rares boursière à l’époque… J’insiste, j en obtiens une. On contiue. Une bourse pour une thèse…mais c’est pour les français… mais euhhh je suis française, vous avez lu mon CV, OK pour la thèse mais pas pour la bourse!! Pas un prof pas un jamais pour nous défendre , sauf une fois, quand il y a eu une grosse erreur sur le dossier de ma soeur ( les notes étaient bonnes, mais refus du lycée, alors que des élèves moins bons furent acceptés.). Et ça continue, leurs enfants… diplômés de grandes écoles, ils mettent plus de temps que les autres à trouver un poste. Les profs : silence, insultes ou claques. C’est le constat. Y a une qui faisait nettoyer la cour à mon neveu à toutes les récrés. Alors que faire ? partir pour pouvoir travailler… à l’étranger un diplôme + la nationalité française me permettent de travailler plus dignement. La diversité un mot à la mode, je n’ai connu que l’adversité et la déchéance de l’égalité. Mais y paraît que c’est en train de changer… Je vous parle du siècle dernier ;-(

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